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Le dilemme et l’alternative au centralisme démocratique en Algérie ?

Publié le par Algérie libertaire

 

Le centralisme démocratique en Algérie n’est pas seulement le titre à donner pour un unique aspect de l’expérience historique algérienne pré et poste-indépendance, c’est plutôt tout l’aspect qui définit l’Algérie d’aujourd’hui, ou le visage qui décline l’identité d’un choix difficile pris dans des conditions historiques extrêmes !

Alors que l’agressivité de l’appareil colonial français accentuait sa déferlante oppressive sur le peuple algérien d’une part, et pendant que l’intelligentsia algérienne de la première moitié du 20ème siècle s’affairait à affronter ses divisions patentes née des gages de fidélité offerts à leurs multiples appartenances idéologiques d’une seconde part, le fameux centralisme démocratique apparut pour certains intellectuels et militants algériens, toutes tendances confondues, comme un moyen impérieux pour contourner une situation de crise et surtout de blocage politique, et ce fut surtout l’instrument cadre élu par excellence pour extirper l’Algérie du double joug colonialiste mais aussi religieux, le joug colonialiste se manifestant de plus en plus dans ses formes les plus barbares et inhumaine, le joug religieux se traduisant en permanence par le risque réactionnaire qu’aurait produit le choc entre la démocratie et l’islam, ce qui prit aussi forme sous l’aspect de la crise berbère de 1949 et enfin l’éclatement du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques MTLD en 1953.

Il faut dire que toutes les conditions de l’époque ne pouvaient faire opter le peuple algérien à une autre alternative que le centralisme démocratique, c’est un fait ! C’est dans le sein du centralisme démocratique qu’avait été conçue la Révolution algérien, un choix des plus difficiles quand on ne doit point ignorer ni oublier que les premiers hommes montés au maquis pour défier le monstre colonial français n’étaient armés que de conviction, courage et de fusils vieillis dont certains remontaient aux insurrections populaires du siècle d’avant. Le pacte scellé dans l’âtre du centralisme démocratique connaitra, par la suite, des épreuves frôlant sa rupture, et c’est face aux risques de collisions internes alimentées par les différences d’opinion et de buts d’une part, et le travail acharné de noyautage exercé par les services secrets français d’autre part, que survint le congrès de la Soummam, ce qui devait être une courte entracte pour voir d’où on était parti, où l’on se retrouvait et enfin où voudrait-on aller ! Un moment historique qui ne fut pourtant pas au goût de tous, il n’y eut pas de consensus sur le constat de la situation ni la vision de son devenir, bref, un vent réactionnaire commençait à faire vibrer les branchages du FLN-ALN.

Les différences d’opinion et de but entre les acteurs du centralisme démocratique révolutionnaire algérien avaient abouti à une nouvelle approche du centralisme démocratique à l’algérienne, désormais, de nouvelles opinions et de nouveaux buts étaient à tracer et à suivre dans l’unité totale de l’action avec l’opinion, la conséquence de ce revirement de la situation fit que le politique ne dominera plus le militaire, et que le congrès de la Soummam sonnera, pour longtemps, le glas des anciennes forme de clanisme pour en créer de nouvelles structures d’intérêts différents mais toutes acquises à la cohabitation contre l’octroi d’un rôle à jouer dans ce que sera l’Algérie indépendante, il faut admettre ici la farouche conviction du peuple algérien quand à la justesse et la réussite de son combat libérateur !  

Toutefois, le centralisme démocratique révolutionnaire algérien ne put résister longtemps elle aussi devant son effritement causé par la rouille réactionnaire qui était toujours là, œuvrant silencieusement et surtout passionnément. La rouille réactionnaire avait beau essayé de peindre l’Algérie indépendante de Ben-Bella sous les couleurs de la révolution populaire, ce fut un échec, et l’on verra ensuite réapparaitre, comme des regards furtifs et timides, de rares occasions où l’on sentait l’illusion de la victoire révolutionnaire, de rares moments vite rattrapés par la rouille réactionnaire qui acheva définitivement l’œuvre matérielle de la Révolution algérienne avec la mort de Houari Boumediene. Une autre étape, celle où prit forme entière et compacte un centralisme démocratique réactionnaire se hâtant d’extirper l’Algérie du socialisme avant de subir l’écroulement généralisé tirée vers le bas par l’écroulement de l’édifice soviétique. Ce que fut la rouille réactionnaire d’avant finit par s’arroger le droit de décider unilatéralement sans association d’aucune forme de centralisme démocratique que ce soit, et prit la décision de rompre la transformation historique du peuple algérien en le punissant d’un exil dans ses souvenirs les plus terribles de la colonisation, le laissant sans aucune défense, livré à l’horreur de l’intégrisme islamiste et à la misère sociale infamante, exonéré de sa tache historique et condamné à de longues années perdues. Il y a là incontestablement délit de non assistance à peuple en danger ! Ce n’est pas parce que le peuple algérien est prisonnier de l’assistanat, ni parce que la conscience du peuple algérien est désactivée, mais c’est surtout parce que le peuple algérien redevenait révolutionnaire autant qu’il l’a été depuis toujours, même soumis à de rudes expériences et à des souffrances inouïes.

La rouille réactionnaire a prit le rôle qu’était celui de Massali El-Hadj, alors l’opposition démocratique prit le rôle des centralistes, une réédition de l’Histoire tumultueuse de l’Algérie éternelle. Pour celui ou celle qui s’aventurerait à comprendre le cheminement historique de l’Algérie, je lui conseillerai surtout de ne pas se munir des instruments scientifiques que propose la science occidentale, oui, l’Algérie tel qu’elle l’a été depuis toujours n’obéis qu’à un système de logiques confondues issues d’une complexité historique favorisée par l’itinéraire historique, économique et culturel ainsi que l’évolution sociale propres à l’Algérie indépendamment des autres civilisations orientales et occidentales.

Aujourd’hui que l’Impérialisme s’emploie, de nouveau, à recréer le colonialisme, verrons-nous apparaitre une autre Émir Abdelkader partir sauver les Chrétiens à Damas, un autre MESSALI El-Hadj défendant l’unité des peuples d’Afrique du Nord face au néo-colonialisme, un autre Ferhat ABBAS appelant à la paix, la tolérance et une cohabitation pacifique avec la fatalité du néo-colonialisme, un autre Mohammed Boudiaf décidé à croire en la victoire de la Révolution du peuple algérien ?

Ces questions ne trouveront jamais de réponse, si ce n’est, à de rares moments, des tentatives de réponse accablées, tremblantes et aussi brèves qu’un clignement des yeux ! Serions-nous encore sur le point de recréer nous aussi un autre centralisme démocratique révolutionnaire algérien ? Tout porte à en croire l’inévitabilité, comme ce fut en Espagne pendant la Révolution, le fascisme fait peur !

 

Par : OUBAYA Samir

Le 04/02/2012   

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