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Sail Mohamed ou la vie et la révolution d’un anarchiste algérien

Publié le par Algérie libertaire

 

 

 

SAÏL, Mohamed, Ameriane ben Ameziane

 

NÉ LE 14 OCTOBRE 1894 À TAOURIT-BÉNI-OUGLIS (DÉPARTEMENT DE CONSTANTINE) - MORT EN AVRIL 1953 

CHAUFFEUR MÉCANICIEN – UA – FA – CGTSR - LIVRY GARGAN & AULNAY-SOUS-BOIS (SEINE-SAINT-DENIS)

mercredi 1er juillet 2009

 

 

 

 

 

 

mohamed-sail.JPG    

 

Mohamed Sail(avec turban) au banquet des 80 ans de S. Faure


Le 6 septembre 1932, Saïl Mohamed écrivait au Semeur, le journal d’A. Barbé : « [...] pendant près de quatre ans, en temps de guerre, je fus insoumis puis déserteur. » Sail avait été en 1923 le secrétaire du groupe de Livry-Gargan de l’Union anarchiste (UA) et avait animé avec Kiouane le Comité d’action pour la défense des indigènes algériens fondé par la Fédération anarchiste de la région parisienne.

Collaborateur en 1930 du Libertaire où il signait « un anarchiste kabyle », il mena une campagne contre la célébration du centenaire de la colonisation de l’Algérie qu’il qualifiait de « mascarade du centenaire ». Avec l’aide de la CGTSR, dont il était membre, et à l’organe delaquelle, Le Combat syndicaliste il collaboraot également, il publia un tract dénonçant cette commémoration.

Gérant de l’Éveil social (Aulnay, 29 numéros, janvier 1932-mai 1934) , qui fusionna avec Terre libre en mai 1934, il fut poursuivi pour incitation de militaires à la désobéissance. En 1934 il fonda le groupe anarchiste des indigénes algériens et devint le responsable de l’édition pour l’Afrique du nord du journalTerre libre(parue ?). Arrêté fin mars 1934 à Saint-Ouen par la police qui saisisssait quelques grenades et pistolets, « souvenirs de la dernière guerre » selon le Comité de Défense sociale, il fut condamné à un mois de prison ; à l’expiration de sa peine, il fut maintenu en détention dans l’attente d’un jugement pour détention d’armes de guerre. Condamné de nouveau à un mois de prison, il fut aussitôt libéré ; il avait été détenu pendant quatre mois et demi, temps qui dépassait de deux mois et demi celui de ses deux condamnations. Pendant sa détention, il envoya un message de sympathie au congrès de l’Union anarchiste, qui eut lieu à Paris les 20 et 21 mai 1934.

Dès le début de la guerre civile, il partit pour l’Espagne ,combattit dans la centurie Sebastien Faure de la colonne Durruti où, après la mort de Berthomieux, il fut nommé délégué du Groupe international et mena l’attaque sur Quinto. Lors d’une mission de reconnaussance pour laquelle il s’était porté volontaire, le 23 novembre 1936, il fut blessé à la main par une balle explosive à une centaine de mètres des lignes nationalistes et fut hospitaliséà Barcelone. Lors des évènements de mai 1937 à Barcelone, il fit plusieurs comptes rendus sur la situation des compagnons assassinés ou emprisonnés par les staliniens, dans les colonnes du Libertaire et du Combat Syndicaliste. Rentré en France il se présentait alors dans les meetings comme « délégué du groupe international de la colonne Durruti ». Il représenta le groupe anarchiste d’Aulnay-sous-Bois au congrès de l’UA qui se tint à Paris les 30, 31 octobre et 1er novembre 1937. Cette même année 1937 il participa à un meeting commun avec le Parti du peuple algérien (PPA) de Messali Hadj.

Pour avoir, en septembre 1938, distribué des tracts contre la guerre, il fut condamné à dix-huit mois de prison. En 1939, pour le même motif, il fut arrêté et interné ; c’est au cours de cette arrestation que sa bibliothèque, 10 rue d’Amiens à Aulnay, fut saisie lors de la perquisition puis dispersée. En 1941, il aurait été détenu au camp de Riom-ès-Montagnes (Cantal). Il aurait par la suite participé à la fabrication de faux papiers pour les compagnons recherchés.

A la libération Mohamed Sail reconstituait le groupe d’Aulnay-sous-Bois de la Fédération anarchiste et collaborait au Libertaire où il traitait le plus souvent des problèmes de l’Afrique du Nord. En 1951 il fut nommé responsable aux questions nord-africaines de la Commission syndicale de la FA et ne cessa de dénoncer l’exploitation systématique dont étaient victimes les travailleurs algériens.

Mohamed Sail est décédé en avril 1953 à l’hôpital franco-musulman et fut inhumé le même jour au cimetière musulman de Bobigny. Sa compagne fut également militante anarchiste.

Mohamed Sail avait également publié des articles dans L’Insurgé (Paris, 1925-1926) d’André Colomer et en 1936 à la Voix libertaire, organe de l’Association des fédéralistes anarchistes, ainsi qu’à Terre libre, l’organe de la Fédération anarchiste de langue française. Dans Contre-courant du 5 mai 1953, Louis Louvet dit de Saïl, qui avait travaillé avec lui au journal l’Anarchie : « Malgré des incartades, dues à un caractère tout d’une pièce, j’avais gardé de l’affection pour lui. »

OEUVRE : Appels aux travailleurs algériens, textes recueillis et présentés par Sylvain Boulouque, Féfération anarchiste, groupe Fresnes-Antony, n° 43.

 

Source :

Dictionnaire international des militants anarchistes

Le lien :  http://militants-anarchistes.info/spip.php?article5362

 

 

Jacques Prévert :  « Étranges étrangers »

 

Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel
hommes des pays loin
cobayes des colonies
Doux petits musiciens

soleils adolescents de la porte d’Italie
Boumians de la porte de Saint-Ouen
Apatrides d’Aubervilliers
brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris
ébouillanteurs des bêtes trouvées mortes sur pied 
au beau milieu des rues
Tunisiens de Grenelle
embauchés débauchés
manœuvres désœuvrés
Polacks du Marais du Temple des Rosiers 

Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone
pêcheurs des Baléares ou bien du Finisterre
rescapés de Franco
et déportés de France et de Navarre
pour avoir défendu en souvenir de la vôtre
la liberté des autres 

Esclaves noirs de Fréjus
tiraillés et parqués
au bord d’une petite mer
où peu vous vous baignez

Esclaves noirs de Fréjus
qui évoquez chaque soir
dans les locaux disciplinaires
avec une vieille boîte à cigares
et quelques bouts de fil de fer
tous les échos de vos villages
tous les oiseaux de vos forêts
et ne venez dans la capitale
que pour fêter au pas cadencé
la prise de la Bastille le quatorze juillet

Enfants du Sénégal 
dépatriés expatriés et naturalisés 

Enfants indochinois
jongleurs aux innocents couteaux
qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés
de jolis dragons d’or faits de papier plié 
Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
qui dormez aujourd’hui de retour au pays
le visage dans la terre
et des bombes incendiaires labourant vos rizières
 
On vous a renvoyé
la monnaie de vos papiers dorés
on vous a retourné
vos petits couteaux dans le dos
 
Étranges étrangers
Vous êtes de la ville
vous êtes de sa vie
même si mal en vivez
même si vous en mourez. 

 

Poème de Jaques Prévert dédié à Sail Mohamed.

 

 


 Matoub Lounes : Monsieur le Président 

 

 

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